Perdre sa muse...

Pour un artiste, l'inspiration est la clé qui lui permettra de créer l'oeuvre. Que ce soit de la mettre en musique ou en mots, de la faire jaillir de ses pinceaux ou de la façonner de ses doigts. Sans inspiration, il n'y a pas de création.

Alors cette inspiration, d'où vient-elle? Son essence se puise dans des endroits, des rencontres, des parfums, des sensations. Elle peut naître d'un regard, d'un sourire, d'un murmure, d'un souvenir. Il faut toutefois une étincelle pour allumer la flamme qui permettra à l'artiste de la faire fleurir, pour nous permettre ensuite de venir la cueillir et l'admirer dans toute sa splendeur. Cette étincelle c'est la muse.

Que son passage soit de courte durée ou pour l'éternité, la muse est pour l'artiste un précieux trésor qu'il s'applique à chérir et préserver, mais malgré tous les efforts déployés, seul le destin est roi et maître en ce monde, même pour les muses.

Pour un artiste, perdre sa muse c'est perdre une partie de son être, une partie de son âme. C'est de voir les silences s'imprégner sur les portées, la toile rester d'un blanc immaculé. C'est l'argile qui devient un simple amas de terre, c'est sa plume qui n'en finit plus de se taire.

Perdre sa muse, c'est se sentir soudain incomplet, envahi d'un vide qui nous enveloppe d'un froid glacial. Perdre sa muse, c'est basculer dans cette douloureuse solitude qui nous est imposée, c'est perdre ses repères et se retrouver coincé entre deux univers sans pouvoir rien y faire. C'est sentir tout son être s'engourdir et sombrer dans une léthargie qui nous traîne vers les bas-fonds les plus sombres de notre être. Perdre sa muse, c'est se perdre et c'est aussi mourir un peu, puisqu'avec son départ s'éteint ce feu sacré qui donne vie à notre art et à qui nous sommes.

En quittant, la muse nous laisse seul avec toutes ces émotions violentes et douloureuses qui jaillissent en nous, sans que l'on puisse savoir quoi en faire. C'est dans ces moments de désespoir et de déroute qu'on en vient à souhaiter faire un pacte avec le diable, afin qu'il nous ramène celle que nous avions de plus cher.

Certains auront plusieurs muses dans leur vie, d'autres n'auront été l'artiste que d'une seule et unique de ces déesses. Pour ma part, je sais que me sera offert le privilège d'en croiser d'autres sur ma route, mais je sais qu'il n'y en aura qu'une seule qui sera parvenue à m'inspirer ce que j'avais de meilleur à donner.

Ciao mia musa, mia bella gazzella. Ti amerò sempre...